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Projet de règlement de publicité de Cannes : La palme de l'offensive contre l’environnement

12.05.2019

Communiqué de Paysages de France
Association agréée dans le cadre national au titre du Code de l'environnement,
indépendante des pouvoirs économique et politique

 

Contact : 06 82 76 55 84 

contact@paysagesdefrance.org

La palme de l'offensive contre l’environnement (ou comment prétendre le protéger… en détruisant les règles qui le protègent !)

Le projet de règlement local de publicité (RLP) de Cannes a été présenté dans ses grandes lignes voici quelques jours au conseil municipal. Il est consultable jusqu’au 17 mai.

Le constat est effarant.

Colossales infox

Le projet de RLP n’y va pas de main morte : d’emblée il est affirmé (article 2 du projet) que « le présent règlement vient restreindre les dispositions nationales applicables aux publicités […]. »

Or ce n’est rien d’autre qu’un énorme mensonge, qu’une colossale infox.

Explication ? La commune de Cannes est presque entièrement située dans le site inscrit dit de la « bande côtière de Nice à Théoule ». Or l’article L.581-8 du Code de l’environnement est on ne peut plus clair :
« À l’intérieur des agglomérations, la publicité est interdite […] 4° Dans les sites inscrits ; […] »

L'hôtel Carlton, en site inscrit

Violation massive du Code de l’environnement

Le règlement actuellement en vigueur ne prévoit nulle part une quelconque dérogation à l’interdiction de la publicité en site inscrit.

Aujourd’hui, à Cannes, le Code de l’environnement est donc massivement et outrageusement violé.

Seul un court paragraphe, perdu au beau milieu des 125 pages que compte le « rapport de présentation » du projet actuellement en cours d’élaboration concède, à un "chouïa" près, que tel est bien le cas :

« La ville de Cannes est en quasi-totalité couverte par le site inscrit « Bande côtière de Nice à Théoule ». Ainsi, seuls les 20 dispositifs publicitaires et préenseignes installés en dehors de ce périmètre sont conformes à la réglementation nationale (6%), conformément au Code de l’environnement. Cette infraction touche 94% du parc publicitaire de Cannes. »

Déconstruction des mesures de protection

Le projet de RLP n’a donc, concernant la publicité, d’autre finalité que de l’autoriser par dérogation !

Et il s’agit donc bien, en l’occurrence, d’autoriser sciemment et massivement une pollution dans une ville qui, en l’absence de RLP, en serait totalement protégée !

Palme de la tartuferie

La façon de présenter les choses dans le projet de règlement est d’ailleurs à la hauteur de cette gigantesque tartuferie.

Le premier article de chacune des 4 zones commence par la même phrase : « la publicité demeure (sic) interdite excepté... »

Vient ensuite la liste des exceptions, et elles ne sont pas tristes.

Dans plusieurs zones et notamment là où tout le monde passe, des publicités géantes, c’est-à-dire sans limite de surface autre que celle des façades sur lesquelles on peut les installer. Sur les trottoirs, des panneaux d’une surface plus de cinq fois supérieure à celle admise sur les trottoirs de Paris (10,5 m2 là où il devrait y en avoir 0, contre 2 m2 à Paris !). Sur les murs comme au sol, des publicités numériques, les plus agressives de toutes. Avec même, concernant la surface maximale des publicités numériques installées sur les trottoirs, une extraordinaire ambiguïté dans la formulation de ce projet bâclé.

Des enseignes "publicitaires" sur la façade du Carlton

Infox encore !

Il paraîtrait même que Cannes aurait « décidé » (sic) d’interdire complètement la publicité en certains lieux (îles de Lérins, Suquet, port Canto, Butte Saint-Cassien).

Certes.

Sauf que toute dérogation y est impossible en vertu des dispositions de l’article L 581-4 du Code de l’environnement.

Même à Cannes !

Un cabinet « conseil » qui se nomme lui-même : « Go pub » !

Tout cela a été concocté avec les « conseils » de « Go pub conseil ».

Un cabinet dont le nom à lui seul en dit long sur son orientation.

Un cabinet qui présente des photos de panneaux de 13,4 m2 (et même plus), mais les prétend faussement de « 12 m2, maximum autorisé par le Code de l’environnement ».

Et qui nous explique savamment, en 125 pages, que pour protéger le cadre de vie, l’environnement et la réputation de Cannes, la solution est de faire un règlement autorisant la pollution et les nuisances dont cette ville est normalement protégée par la loi !

Demande de Paysages de France à David Lisnard à être reçue

Face à ce désastre programmé, Paysages de France espère que le maire de Cannes saura réagir à temps. Et éviter que sa ville devienne synonyme, bien au-delà de nos frontières, de ce qu’il serait difficile d’appeler autrement qu’un véritable scandale environnemental.

C’est pourquoi l’association demande au maire de Cannes de la recevoir au plus vite.