03.12.2024
La métropole clermontoise s’apprête à soumettre à l’enquête publique son projet de PLUi (plan local d’urbanisme intercommunal). Paysages de France apportera une contribution majeure à cette enquête, avec ci-dessous un focus tout particulier sur l’énergie photovoltaïque.
Toits et parkings ou zones naturelles ?
La ville de Clermont- Ferrand est la 17ème ville de France pour son ensoleillement global, présentant donc un potentiel important pour le développement du photovoltaïque. La métropole consomme actuellement 1.6 TWh /an en énergie photovoltaïque. Or les toits et parkings existants pourraient à seuls permettre de produire 1,8 Twh/an.
Source : France Potentiel Solaire https://france-potentiel-solaire.cadastre-solaire.fr/
Alors que le projet de PLUi ne prévoit pas moins de 17 zones de photovoltaïque au sol sur le territoire métropolitain, impactant de manière radicale les paysages ruraux, puisqu’il est question de les installer tout bonnement dans des zones naturelles !
Les contraintes patrimoniales : la tarte à la crème de ceux qui refusent a priori d'analyser les possibilités réelles de leur territoire
La métropole compte plus de 34 000 bâtiments et 29 parkings soumis à des contraintes patrimoniales. Or, durant l'élaboration du PLUi, la question du photovoltaïque sur leurs toits n'a été posée ni à l’évêché ni à l'Architecte des Bâtiments de France. Ainsi, le projet de règlement impose que le photovoltaïque soit exclu d’office des bâtiments inscrits ou classés aux monuments historiques, alors qu'il est permis au sol dans des zones naturelles et Espaces Naturels Sensibles !
Sources : Cythelia Energy (cadastre solaire), OpenStreetMap (emplacements des parkings),
IGN (données bâtiments), https://france-potentiel-solaire.cadastre-solaire.fr/
Ce parti pris est typique des a priori et du manque de vision des élus, des services de l’urbanisme et du bureau d'études. Avant de prendre une telle décision, qui engage les 15 années à venir, il eut été judicieux d'analyser le potentiel solaire du territoire de la métropole en utilisant les documents de planification existants (schéma régional du climat, de l’air et de l’énergie, plan climat air énergie territoire, Schéma de Transition Énergétique et Écologique), permettant de mettre en œuvre des mesures concrètes pour développer le photovoltaïque sur les toits et parkings (inclinaison des toits, seuil minimal de production d’énergie renouvelable, orientation des constructions…)
Loos-en-Goelle trouve des solutions avec seulement 3,54 kWh/m² d'irradiation moyenne annuelle
Clermont-Ferrand dispose de 4,16 kWh/m2 d'irradiation moyenne par an, bien au-dessus des 3,54 dont dispose Loos-en Goëlle, une commune du Pas-de-Calais qui s’est résolument engagée dans le déploiement des énergies renouvelables. Ici, l’Architecte des Bâtiments de France a autorisé l’installation de panneaux photovoltaïques sur des sites classés et l'évêché a donné sa bénédiction pour remplacer le toit en ardoise de l'église Saint -Vaast par des panneaux photovoltaïques lors de la réfection de la toiture.
Aujourd'hui, la revente de l’électricité à Enercoop rapporte 5 000 € par an à la commune et les membres de la paroisse se disent satisfaits.
Église de Loos-en-Gohelle après rénovation du toit avec des panneaux photovoltaïques
Source : Fiche technique. Système de production photovoltaïque église Saint-Vasst de Loos-en-Gohelle.
Pour faire suite à cette opération inédite en France, la ville de Loos-en-Gohelle s’est fixé comme objectif d'atteindre 100% d’énergies renouvelables en 2050 pour devenir un « territoire à énergie positive ».
Cet objectif communal a été repris et décliné au sein de la Communauté d’Agglomération de Lens-Liévin, avec une double stratégie : baisse des consommations d'une part, et augmentation de la production locale d’énergie d'autre part.
Cet exemple est représentatif, tant du point de vue de l'exemplarité de la collectivité, des choix techniques adaptés, de l'intégration architecturale et paysagère, mais également de la construction réelle avec les habitants (actionnaires de la SAS), d'une anticipation et d'une vision globale et à long terme des aménagements tels qu'ils devraient être conçus aujourd'hui.
L'ADEME avait déjà évalué en 2018 et 2019 les gisements de l’énergie photovoltaïque pour la France à 364 GW sur toiture, 49 GW sur les friches industrielles et 4 GW pour les parkings (1). La mobilisation de ce potentiel permettrait donc de dépasser les objectifs de la Programmation Pluriannuelle de l'Énergie sans toucher aux terres agricoles et forestières.
Devant les réticences des élus à faire le travail de fond indispensable dans les territoires, Paysages de France demande un recensement exhaustif des gisements de photovoltaïque à l’échelle de Clermont Auvergne Métropole et la prise en compte des résultats dans le PLUi, afin de rayer du projet l’installation de panneaux solaires au sol dans les zones naturelles ou forestières.
(1) https://presse.ademe.fr/wp-content/uploads/2018/12/ADEME_%C3%A9tude_mix-electrique.pdf
https://www.ademe.fr/evaluation-gisement-relatif-zones-delaissees-artificialisees-propices-a-limplantation-centrales-photovoltaiques
En savoir plus :
Demandons un arrêt immédiat des centrales photovoltaïques en milieux naturels (Reporterre du 3 décembre 2024)