02.11.2025
De la publicité routière au regard de nos voisins anglo-saxons : ce que la France pourrait apprendre du Royaume-Uni
Il est toujours instructif de regarder au-delà de nos frontières pour mieux comprendre nos propres travers…
…surtout quand il s’agit d’aménagement du territoire et de qualité de vie.
Chaque détail compte et les mauvaises habitudes finissent par passer inaperçues tant elles sont ancrées dans notre quotidien.
À cet égard, le Royaume-Uni offre une comparaison marquante, pour pointer du doigt nos lacunes, et pour imaginer ce que pourrait être un meilleur environnement en France.
Si notre pays excelle dans l’art de vivre et la préservation de son patrimoine, il pèche souvent par excès de permissivité en matière de publicité routière, là où le Royaume-Uni, avec une rigueur toute britannique, a su préserver ses paysages de l’invasion publicitaire, au nom de la sécurité et du bien-être collectif.
Au Royaume-Uni, le *Highway Code* interdit formellement toute distraction visuelle pour les conducteurs, y compris la publicité sur les routes et sur les ronds-points, où seuls les panneaux d’information routière ou de service public sont tolérés. Les règles édictées par le *Town and Country Planning Act* encadrent aussi strictement l’affichage extérieur, faisant de la sécurité routière une priorité absolue au détriment des tentations consuméristes et fiscales, si chères à nos édiles français.
Trois villes étudiées au hasard, Witney, Oxford et Chichester, illustrent cette discipline dans cette approche : un simple tour sur *Street View* révèle des ronds-points dépourvus de panneaux publicitaires, entourés de végétation et d’une signalétique sobre, un contraste saisissant avec les entrées de villes françaises, souvent transformées en capharnaum publicitaire à ciel ouvert, où chaque mètre carré semble monnayable.
La France affiche une permissivité qui confine à la complaisance, où le secteur marchand prospère et les redevances locales s’accumulent, tandis que le *règlement national de publicité*, parfois complété par des règles locales, peine à endiguer la prolifération des supports publicitaires, miné par le lobbying des régies et les contournements souvent systématiques des règles, réduisant les tentatives d’encadrement à de vaines illusions.

Sortie Est de Chichester
Quelques exceptions, comme Lyon, montrent qu’un début de résistance est possible, mais la majorité des communes ferment les yeux, comme en témoignent les lauréats des *Prix de la France Moche 2025* – Vendargues, Bernay ou Limoges – là où le kitsch publicitaire se marrie à l’anarchie visuelle, révélant une culture collective où l’environnement est encore trop souvent perçu comme un décor à monétiser plutôt qu’un bien commun à préserver.
De cette comparaison émergent trois constats accablants :
D’abord, la culture collective, où la notion d’environnement visuel, malgré notre riche patrimoine, reste moins ancrée en France qu’au Royaume-Uni.
Ensuite, l’aveuglement par l’habitude, où l’on ne voit plus la laideur ambiante, tant elle est devenue la norme.
Enfin, l’argent, arbitre suprême, où villes, annonceurs, certains particuliers et régies publicitaires privilégient les recettes immédiates au détriment de la sécurité routière et de la qualité paysagère.
Face à ce constat, l’ampleur de la tâche pour inverser la tendance est énorme, mais des associations comme *Paysages de France* prouvent, par le conseil et la surveillance, qu’une amélioration, bien que lente, est possible, rappelant que la préservation de nos paysages n’est pas un luxe, mais une nécessité pour notre sécurité, notre bien-être et notre dignité collective, et qu’il est grand temps de s’inspirer de ceux qui, de l’autre côté de la Manche, ont su concilier modernité et respect de l’espace public.

Sortie Est de Chichester
